Un bon café pour démarrer la journée. + Elio

Good morning routine ! Ou pas.

Mes journées sont réglées comme du papier à musique. On prend les mêmes et on recommence... Un réveil qui sonne à 6 heures, un jogging enfilé à l'arrache, idem pour le débardeur un peu grand qui baille aux échancrures... Un pétard vite fumé à la fenêtre, un verre de jus d'orange avalé... Et à six heures et demi pétantes : me voilà dans les rues en train de courir. Courir pourquoi, me direz vous ? Et bien courir pour me vider la tête. Pour expier toute cette mélancolie qui ravage mon corps, ravage mes muscles et mes veines, à longueur de temps. Et la mélancolie n'est pas seule : elle flirte dangereusement avec la dépression. Mais j'suis censé en être sorti depuis peu... Censé, je dis bien. J'ai un peu plus la patate, mais j'avoue que c'est pas encore ça. Ce petit jogging matinal est bien souvent ma seule sortie de la journée. Au moins à cette heure, rares sont les gens qui me reconnaissent. Pas d'autographes, pas de photos, pas de cris... Le matin m'offre des moments plus tranquilles. Après ça, j'irais certainement prendre une douche, puis je resterais toute la journée à l'appart jusqu'à demain matin. Mes occupations ne seront pas très variées : fumette, pizza, play, fumette, film, sieste, play, fumette, traiteur chinois, fumette, dodo. C'est à ça que se résument mes journées... Les colloc's râlent pas trop, ça va. J'ai pas à me plaindre pour le moment. Mais y'a bien un moment où j'vais devoir me bouger le fion pour trouver un semblant de taff. La flemme m'habite, en plus de tout le reste.

Ca fait presque une heure que je cours. Je transpire, j'ai chaud, mais je continue : le sport exutoire, c'est bien le seul moment où je ne lâche rien. J'arrive bientôt à ma petite récompense habituelle, de toute manière, je le vois qui se dessine à quelques mètres de là : le Starbucks. Je ralentis mes foulées, me mettant à marcher en soufflant bien fort, et quand ma respiration s'est nettement calmée, j'entre. Comme d'habitude, j'ai affaires à la même serveuse qui me sourit comme un coeur alors qu'elle me demande si c'est "la même chose que d'habitude". Je n'ai qu'à acquiescer et lui rendre un sourire très fugace tandis qu'elle se lance dans la préparation de mon caramel macchiato avec supplément chantilly. J'attends sagement. Il n'y a presque personne, et ça me ravit. Juste un mec devant moi qui attend également et qui se fait servir. Je zieute la serveuse qui ajoute la crème fouettée à ma boisson, lorsque le type de devant se retourne sans faire gaffe et...

-" Putain !"

Y'a rien de méchant dans le ton que j'emploie. Juste de la surprise. J'ai eu beau tenter le petit saut de puce vers l'arrière, c'est trop tard : j'ai du café plein le débardeur. Le gars se confond en excuses alors que j'essaie de garder le tissus désormais bouillant loin de ma peau, en le tenant devant moi du bout des doigts.

-" C'est rien..."

En fait si, ça me fait chier. D'une part parce que j'suis trempé, et d'autre part, parce que ça attire l'attention sur moi. Je me rapproche donc du comptoir où la serveuse, toujours avec son même sourire adorable, me tend des serviettes pour que je m'éponge, tandis qu'elle pose mon macchiato sur le comptoir. Je récupère ma boisson d'une main, et de l'autre, tente de réparer au mieux les dégâts.

- " Je crois qu'il va falloir un autre café pour monsieur..."

Je me retourne vers l'inconnu en question, sans un sourire. Pas que je sois en colère ou quoi, non, juste que sourire, depuis quelques mois, c'est vraiment devenu compliqué.