Friday night- Nolan

La nuit est tombée depuis déjà plusieurs heures. Je me suis préparé pour aller à une soirée où j’ai été invité, dans une boite huppée. J’adore sortir et j’adore me mettre sur mon trente et un, enfin je ne sors pas le costume non, je n’aime pas tellement ça, j’opte pour un bon vieux jean et une chemise. Je ne sais pas combien de temps j’ai passé sous la douche, mais ça me met en retard. Je suis souvent en retard. J’ai toujours aimé me faire désirer et je peux me le permettre. J’arrive finalement avec presque une heure de retard ce qui a le don d’agacer mon manager, mais je le laisse bouder. Ce n’est pas la première fois qu’il râle parce que je suis en retard. Il a déjà préparé le terrain en me présentant. Il fait ma promotion, c’est son job après tout alors je le laisse faire et je vais directement me servir un verre, observant les lieux avec intérêt et surtout les personnes présente, les hommes évidement, on ne va pas se mentir, je matte et je repère déjà quelques possibles proies. Avant qu’on ne vienne me saluer. C’est un peu l’inconvénient parfois d’être un peu connu, on me reconnaît, même si souvent on ne sait pas tellement qui je suis. J’ai l’avantage de rester pas mal anonyme, même si au fond je préférai qu’on me remarque plus. J’aime qu’on fasse attention à moi. Je signe quelques autographes et piles au moment où j’allais retrouver mon manager, je me rends compte qu’un type m’observe à l’autre bout du bar. Grand, un peu baraqué, tatoué, un peu comme moi. Il a ce regard que d’autres ont en me voyant alors je le regarde aussi, de haut en bas. Je n’ai pas envie de lâcher son regard, ça serait un peu comme un échec et j’ai presque envie d’aller lui parler et c’est ce que je fini par faire. Je me rapproche et fini par lui dire :

« Salut. »

Je ne sais pas tellement s’il va se laisser approcher, s’il me regardais vraiment ou pas, j’ai eu cette impression là et généralement je pense que j’ai toujours raison et mes intuitions me trompent rarement.

« Tu veux ma photo? Ou tu voulais peut-être me dire quelque chose ? »

Je suis un peu cash, peut-être un peu trop. Je devrais m’y reprendre à plusieurs fois avant de balancer ce genre de mots, mais je ne peux pas m’en empêcher. Ce n’est pas la première fois ça ne sera pas la dernière.

Je hausse un sourcil avant de sourire à cet inconnu. Un droit à l’image, c’est qu’il a du répondant le petit. Je redemande un verre au barman à qui je souris de toute mes dents. Il est plutôt mignon lui aussi. Je lui fais même un clin d’œil avant de répondre à ce type :

« Si bien sûr, regarde-moi, prend-moi en photo si tu veux. Mais ne me fais pas croire que tu n’allais pas me demander quelque chose ou que tu n’avais pas une idée derrière la tête. »

Je lui fais un sourire et attrape mon verre avant de boire une gorgée. Je suis un peu prétentieux de m’avancer autant, mais peu importe. Il ne m’a pas lancé ce regard pour rien. Il a forcément quelque chose qui le travail. C’est bizarre parce que j’ai l’impression qu’il n’est pas comme je me l’imagine. Il m’a répondu de la même façon que moi. J’ai l’impression qu’on se ressemble un peu trop et je n’aime pas tellement ça. Il a l’air d’être connu ici, plus que moi en tout cas et ça me vexe un peu.

« Alors invité ou client habituel ? Attends laisse moi deviner. Un type baraqué comme toi avec des beaux yeux doit surement se faire inviter partout. Je dirais donc que tu es un peu des deux, invité et client régulier. Tu as l’air de connaître pas mal de monde. Ils t’oublieront vite, ne te fais pas trop d’illusions. »

Nouveau sourire en coin. Tout le monde oubli tout le monde, ça a toujours été comme ça. Il peut être habitué autant qu’il veut, quand quelqu’un d’autre prendra aussi de l’importance il finira par être oublié aussi. Ça ne dure jamais très longtemps et c’est bien ce que je ne veux pas. Je veux que ça dure pour ma part. Je n’ai pas l’intention de rester là sans rien faire. Je veux qu’on se souvienne de moi.

« Et si ça t’intéresse. Je m’appelle Sky. »

Peut-être qu’il fera le lien avec mon prénom et la liste d’invité de la soirée ou peut-être pas, quoi qu’il en soit les hostilités semblent lancées.

Je hausse un sourcil et je souris à ses propos. J’ai même un petit rire en l’entendant. Je ne devrais pas tellement trouver ça drôle mais en fait ça l’est en fait c’est plutôt effrayant. J’ai l’impression qu’il lit en moi. Ça n’est jamais arrivant avant que quelqu’un me réponde de cette manière, aussi facilement.

« Ce n’est pas pour me vanter, mais c’est généralement les cas et très honnêtement ça me va. Tu te dis surement la même chose, avec tes beaux yeux, que tu plais à tout le monde. »

Je m’avance surement un peu trop et je ne suis pas vraiment sûr de ce que je dis, mais peu importe. Il a raison sur un point, je pense souvent que tout m’est acquis. En tout cas il a admis qu’il avait envie de me regarder et rien que ça c’est plutôt positif, mais s’il n’a pas l’air d’avoir d’autres pensées pour moi. J’ai comme l’impression que je l’agace et ça m’amuse. J’ai envie de jouer encore un peu.

« Ça dépends … Tu paie combien pour que je te lise l’avenir ? On n’a rien sans rien. Rien n’est gratuit. »

Je plaisante évidement, je ne sais pas lire l’avenir et je me fou pas mal de ce qu’il va arriver. Je veux juste vivre le moment présent et évidement devenir célèbre et c’est plutôt bien parti. Je hausse les sourcils. Il est partout. Il a l’air un peu énervé. Je l’ai mis sur les nerfs on dirait. Ça m’amuse encore plu de voir que je l’agace.

« Je ne suis pas un petit DJ d’occas. Je n’ai pas l’intention de faire le buzz juste un an ou deux. Je suis là pour la durée, faudra t’y faire, que ça soit par la musique ou d’une autre manière. Je suis là pour un moment. »

Oh oui, encore plus maintenant que je sais qu’il ne veut pas me laisser une place. On aurait pu être deux sur un piédestal, mais il a décidé de me déclarer la guerre, alors ça sera la guerre.

« Tu es au courant que ton nom n’est pas marqué sur une étoile d’or ? Tu n’a pas l’air d’aimer partager, dommage … Je t’aurais laissé de la place. »

Je fini mon verre. Cette ville est vraiment étrange. Elle n’a rien de comparable à toutes les autres ou j’ai vécu, mais j’aime beaucoup y être, je ne m’ennui jamais et ce n’est surement pas avec lui que je vais m’ennuyer.

Ce type est têtu, je ne sais pas encore à quel point, mais quelque chose me dit que ça ne va pas être simple. Je hausse les sourcils, il a l’air sérieux. Je ne sais pas pourquoi il m’a pris en grippe, mais il n’a pas l’air décidé me laisser une place et tant pis pour lui.

« Ils oublient si on les laisse oublier, il y a toujours moyen de faire en sorte de laisser une trace. »

Je ne me laisserai pas faire. Je n’ai pas envie qu’on m’oublie aussi facilement. Je n’ai rien à lui prouver à ce type que je connais à peine, mais de moi-même j’avais déjà prévu de ne pas être éphémère. Je souris, même si j’ai envie de lui coller une baffe. Il m’énerve. Pourquoi je n’aurais pas le droit de me faire un nom et une place ici ? Je croyais qu’à Pittsburgh les gens étaient ouverts, pas lui visiblement. J’allais lui répliquer d’aller se faire voir quand il a décidé de partir voir ailleurs. Je serre les dents et bois le reste de mon verre d’une traite. Je rumine. Il a quelque chose d’agaçant. Je sens son regard sur moi. Il veut jouer à ça. Il va être servi. Je pose mon verre vide sur le bar et me dirige vers eux. Je devrais me retenir mais j’en suis incapable. Je marche d’un pas décidé vers le type et le blond. Je glisse ma main dans celle du blond avant de lui sourire et de le tirer vers moi, l’écartant de l’autre et puis sans demander la permission je l’embrasse langoureusement. Ça ne semble pas le déranger tant que ça. Je garde les yeux ouverts pour voir la tronche de l’autre. Il veut jouer à ça alors on va jouer. Je m’éloigne du blond et retourne au bar et demande un autre verre, un long island. Je ne suis pas encore assez soul pour m’envoyer en l’air avec le premier venu. Il me faut plus de verre pour ça.

Je me rassois sur mon tabouret près du bar et fini mon verre sans lâcher des yeux ce type qui se prend autant pour le centre du monde que moi. Je ne sais pas ce qui me dérange le plus, qu’il est mignon et qu’il soit aussi sûr de lui, qu’il me provoque sans scrupules et qu’il me pousse à faire ce genre de choses ? Je l’aurais fait de toute manière, mais je n’aime pas tellement faire quelque chose à cause de quelqu’un. Je le vois revenir vers moi et je hausse un sourcil. Je ne l’aime pas beaucoup. Il m’énerve. Je hausse un sourcil et lui réponds :

« Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas de quoi je suis capable. »

Il va vite le découvrir. Je ne suis pas du genre à me laisser faire, surtout pas par un type comme lui. Je le regarde dans les yeux et hausse un sourcil à nouveau quand il me dit que j’ai déclaré la guerre.
« Juste pour un baiser volé, wouah, tu es un peu crétin quand même tu le sais ça ? Déclarer la guerre à quelqu’un que tu ne connais pas juste pour une phrase lancée en l’air, tu es bien rancunier. Il y a du level. »

Je dépose mon verre sur le bar et ne le lâche pas des yeux. Je me lève et lui dit :

« Tu as déclenché ça tout seul. »

Je lui lance un regard hautain. Je ne le laisserais pas me faire porter le chapeau pour cette querelle naissante. Il est autant coupable que moi.

Je hausse un sourcil et je souris quand il me dit qu’il ne demande qu’à voir. Il ne sait pas dans quoi il s’embarque. Il n’est pas au bout de ses peines. Il va morfler et c’est comme un défi qu’il me lance et je ne peux pas refuser.

« Okay, tu verras alors. »

C’est une promesse et il n’est pas au bout de ses promesses. Il n’a pas idée à quel point je peux aller loin et il ne sait pas à qui il a à faire. Je n’ai rien à lui prouver pourtant, mais c’est comme un devoir de lui montrer de quoi je suis capable. Je hausse un sourcil. Je sais évidement de quoi il veut parler. C’est à qui sera le plus fort. On veut tous les deux faire le coq, mais il y a de la place que pour un seul. Je serre les dents quand il me donne une tape sur la joue. Je n’ai pas envie de lui montrer que ça m’agace, mais en réalité le fait de sentir ses doigts sur ma joue me fait un drôle d’effet, un effet auquel je ne m’attendais pas vraiment. Il a peut-être envie de recevoir mon poing dans sa tronche. Je serai capable de lui envoyer, mais je n’ai pas envie de lui abîmer son joli visage.

« Fait attention à toi. Je ne suis jamais très loin. »

Je le regarde sans le lâcher du regard, ça n’a vraiment aucun sens tout ça, mais je ne le laisserais pas avoir le dernier mot, ni mener la danse.

« On se recroisera. »

Je ne lâche pas encore du regard. Je n’ai pas envie de partir maintenant, ça devenait amusant en plus, mais j’avoue que je risque de lui en coller une malgré moi. Il vaut mieux qu’on en reste là pour cette fois, juste pour cette fois.